Voilà, nous sommes là.
Devant la feuille blanche et nous allons écrire.
La page s’offre nue, toute vierge encore…
Qu’est-ce qui nous la rend désirable ?
Qu’est-ce qui nous donne du plaisir à la couvrir de signes ?
Peut-être cette intuition qu’il y a du plaisir à cheminer vers soi en surmontant les difficultés.
La langue est notre bien commun. Cependant écrire c’est s’aventurer sur un chemin singulier, nul ne peut l’emprunter à notre place. Pour le connaître il faut en payer le prix. S’arracher au confort de l’habitude, s’avancer en confiance, ne pas présumer du résultat. Abandonner même l’idée du résultat, de projet, de prémédité.
Cet atelier ne donne pas d’autres objectifs que de faire ce chemin. Celui qui "traverse l’épais brouillard de complaisance et de banalité dans lequel chacun devient inconnu à soi-même".
Propos de participants recueillis par Patricia Hanssens,
au micro de Radio Campus Lille.
« Il n’y a plus grand monde qui soit prêt à se faire hacher pour ses idées », a dit un jour Raymonde, 92 ans aux prunes.
Quand on est dressés à ne donner qu’une seule réponse, la bonne s’il vous plaît, et que la note vous guette à la fin de la phrase, on reste coi devant la page vierge. Alors s’affranchir de ces menottes, ce n’est pas une mince affaire.
Rien à voir avec les ateliers habituels, où tout est prêt, prévu, préparé, attendu, prévisible. Ça voudrait dire, ça voudrait exprimer, mais : quand ça parle ? A soi, aux autres? Tout est à faire.
Alors, nous autres, nous avons essayé d’emprunter ce chemin. De lâcher la barre, de franchir le mur. C’est l’occasion offerte aux participants, aux animateurs, aux auditeurs qui auront entendu ces textes.
Moment intense de travail en atelier dont l’issue nous semble incertaine pourvu que l’on n’y laisse pas que des plumes, que l’on y conquiert ce quelque chose qui nous laisse un brin souriant, vainqueur. Comment le nommer ? Le pourrait-on ? Gardons-le secret.
Rassemblement de sensibilités qui divergent, qui ouvrent leur propre chemin, leur aventure au sens propre. Et partagent l’envie, la complicité de faire œuvre commune.
Du 06 au 13 juillet, Rouletaplume a pris ses quartiers à Saint-Omer pour un atelier d'écriture. A partir de jeux d'écriture, le groupe a réalisé une oeuvre originale, lue et publiée dans le cadre du festival Le Manifeste. Avec la participation d'Arnaud Gosselin, écrivain, animateur d'ateliers d'écriture.