256 000 euros

Au lieu de subventions qui appuieraient les actions, les ateliers, les stages et autres projets cette année : rien.

Nous ne sommes qu’au moins de juin, il est vrai.

 

256 000 euros. C’est le montant global demandé cette année par des associations pour former leurs bénévoles. A l'échelle des trois départements les moins peuplés de France, ce chiffre met une claque à l’argument fameux (et fumeux, en fait) que personne dans les associations ne veut, ne peut, n’a le temps ni le désir, de se former.

 

Mi-avril, la nouvelle région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes a publié l’appel à projet de formation des bénévoles (FDVA, son petit nom). Tardivement. Et les dossiers doivent parvenir début mai, rapidement. Si l'association émarge sur les fonds départementaux, ça passe. Si l'association vise le pactole régional, espérant une meilleure répartition des fonds de cette grande région en vue de réduire les inégalités entre les territoires, c'est raté. Surprise : l'administration conserve les anciennes régions. Chacun chez soi ;  bien que les dossiers soient instruits dans une ancienne autre région. Aspirine, au secours.

 

Pour les bénévoles, il faut d’abord lire et s’imprégner des 17 pages d’explication, de procédure, de cadrage. Accepter des conditions un peu raides d’accès au fonds. Il leur faudra réunir en formation un minimum exigé de 12 bénévoles par jour de stage, mettre de leur poche 20% du coût total de la formation sur la table, se situer dans des zones prioritaires de préférence et dans des contraintes qui tiennent à l’identité de l’association et d’autres aux types de formation.

 

 

La longue marche du bénévole allant se former 

Moins d'un mois entre le lancement de l'appel à projets et le dépôt des dossiers, notre bénévole qui veut se former a peu de temps. Il lui faut  ingurgiter ces 17 pages, en discuter en asso, consulter les personnes en demande de formation, provoquer une réunion, établir un plan de formation, repérer les offres de formation existantes, se renseigner, distinguer les meilleures options, étudier les devis, éditer les budgets, etc. Ca prend du temps et de l'énergie. Et, en moins d'un mois, c'est coton.

 

A ce stade, notre bénévole va remplir son dossier, soit 5 pages par formation demandée, plus les documents généraux (bilans, budgets) et des documents complémentaires. Le tout transmis au choix par la Poste (impression, vérification, pesée, affranchissement) ou via la plateforme internet (qu’il ne faut pas quitter des yeux plus de 15 minutes, sans quoi : le travail est perdu). L'administration avait eu la courtoisie de concéder quelques petits délais pour les retardataires.

 

Ce n’est pas tout. Notre bénévole qui veut se former avec ses 11 autres camarades, a du courage. Il devra s’affranchir de ses obligations familiales et professionnelles, se soustraire à son action associative. Ce qui n’est pas facile pour ceux qui sont indispensables. Surtout dans des conditions pénibles d’exercice des responsabilités associatives, en dégradation continue depuis 15 ans. Et les protestations vigoureuses ne changent rien. Ou pas grand chose.  

  

Donc notre bénévole, tout motivé qu’il est par les perspectives de gain que lui laisse entrevoir l’entrée en formation et malgré les contraintes nombreuses qu’il a déjà essuyées, il envoie son dossier. Et en juillet prochain, il saura si l'association aura les fonds pour engager la formation avant décembre. Raisonnablement, il pourra donc organiser sa formation en septembre, au mieux.

 

Les bénévoles qui veulent se former ont bien du mérite.

 

Une issue de secours bien étroite

Et, début mai, la demande de l'association atterrit sur un bureau où les fonctionnaires instruisent patiemment les dossiers. Ce que sait l’équipe de fonctionnaires qui reçoit la demande de 256 000 euros de subvention cumulée, c’est que l’enveloppe est de : 90 000 euros.

Presque 3 fois moins que la somme demandée.

 

Que va faire l’administration chargée de traiter ses dossiers ? « Chef, chef, il y a 3 fois plus de demandes de formation que prévu ». Le chef : « Voyons voir si nous pouvons abonder ce fonds face à la demande de nos concitoyens ». On pourrait entendre cela d'une administration rêvée.

 

Que projette l’administration attentive à la gestion des deniers publics et à l’intérêt général ? Simple. Le découpage, le saucissonnage. Autrement dit : l’échantillon de formation pour tous. A table, chacun sait que déguster, ce n’est pas restaurer. Que l'on risque d'avoir faim. Et les assos dégusteront, il n'en faut pas douter. C'est pourquoi les associations avaient été invitées à hiérarchiser leur demande de soutien, en inscrivant leur "voeu" de formation par ordre de préférence. Elles peuvent choisir leur miette préférée. En cédant sur le morceau.

 

 

 

 

 

Ce qu'il reste d'avenir à la formation des bénévoles...
Ce qu'il reste d'avenir à la formation des bénévoles...